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Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/129

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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

direction du temps, il s’ensuit cependant qu’il y a là, indirectement entre tous ces faits, une liaison certaine quoique détournée. La simultanéité des faits se produisant à un moment donné est donc une simultanéité nécessaire. C’est là-dessus que repose le concours accidentel de toutes les conditions d’un fait, nécessaire au sens le plus élevé du mot : l’accomplissement de ce que le destin a voulu. C’est ce qui explique, par exemple, ce fait que, lorsque à la suite des invasions le flot de la Barbarie se répandit sur l’Europe, les plus beaux chefs-d’œuvre de la sculpture grecque : le Laocoon, l’Apollon du Vatican et autres, disparurent aussitôt comme engloutis par un coup de théâtre, s’enfonçant dans le sein de la terre, pour rester là intacts, un millier d’années, attendant un temps plus heureux, plus noble, capable de comprendre et d’apprécier les arts, et pour enfin, quand ce temps est venu, vers la fin du XVe siècle sous le pape Jules II, apparaître de nouveau à la lumière comme les modèles bien conservés de l’art et du véritable type de la forme humaine. C’est encore par cela que s’explique la rencontre en temps voulu des occasions et des circonstances importantes et décisives pour la vie des individus, et finalement même