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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

tude de science fait aussi que tout homme agit et parle d’une manière tout à fait conforme à son caractère. Par suite de tout cela l’erreur que le rêve engendre est si forte que la réalité même, que nous avons devant nous à l’état de veille, doit tout d’abord lutter et a besoin d’un certain temps pour pouvoir se faire entendre, et nous convaincre de la fausseté du rêve qui n’est plus là, mais qui a simplement été. Même en ce qui concerne le souvenir, nous sommes parfois dans le doute, à propos d’événements insignifiants, si nous les avons rêvés ou s’ils se sont effectivement produits. Si, au contraire, quelqu’un s’avise de poser la question, si un événement s’est produit ou s’il est simplement imaginé, alors il s’expose au soupçon de folie. Tout ceci démontre que le rêve est une fonction tout à fait propre de notre cerveau et diffère totalement de la simple faculté imaginative et de son pouvoir de rumination. Aristote dit lui-même : τὸ ενυπνιον εστιν αισθημα, τροπον τινα (sommium quodammodo sensum est) : de somno et vigilià C. 2. Même il fait la belle et juste remarque que, dans le rêve même c’est encore par l’imagination que nous nous représentons les choses absentes. La conséquence de cela, c’est que pendant le rêve