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Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/204

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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

cohérents. Vraisemblablement cela peut se produire aussi parfois dans le sommeil ordinaire mais à coup sûr seulement si ce sommeil est si profond que nous ne puissions pas en sortir immédiatement. Cependant même les rêves, qui nous révèlent ce qui se passe au loin ou même l’avenir, il se peut exceptionnellement que nous en gardions le souvenir ; et ce souvenir dépend alors surtout du fait que nous nous éveillons soudain. C’est pour cela qu’à toutes les époques et dans tous les peuples, on a admis qu’il y a des rêves qui ont une valeur réelle, objective ; et que les rêves ont été pris très au sérieux dans toute l’histoire ancienne de manière à y jouer un rôle important ; cependant les rêves fatidiques n’ont toujours été considérés que comme de rares exceptions entre la foule sans nombre des rêves vains et mensongers. C’est pour cela qu’Homère parle déjà des deux portes par lesquelles se glissent les rêves dans le monde (Od. XIX. 560) : l’une la porte d’ivoire, par laquelle nous viennent les rêves sans conséquence ; l’autre, la porte de corne par laquelle passent les rêves fatidiques. Un anatomiste pourrait peut-être tenter de rapporter cela à la distinction de la substance blanche et de la substance grise du cerveau.