PRÉFACE DE L’ÉDITEUR ALLEMAND
L’éditeur de ces Mémoires n’a guère à dire, en
manière de préface, que cet ouvrage n’est pas un produit
de la fantaisie, n’est pas une invention, mais
qu’il est véritablement sorti de la plume d’une des
cantatrices naguère le plus souvent applaudies sur
la scène, d’une cantatrice de laquelle beaucoup de
nos contemporains ont souvent admiré avec étonnement
l’admirable voix, qu’ils ont couverte d’applaudissements
enthousiastes dans ses différents rôles, et
dont ils se souviendraient certainement si la discrétion
ne nous interdisait de citer son nom. Pour le
lecteur attentif, l’assurance que nous donnons de
l’authenticité des Mémoires n’est guère nécessaire.
L’ouvrage trahit suffisamment une plume féminine
pour qu’il ne soit pas possible de s’y tromper. Seule
une femme pouvait raconter la carrière d’une femme
avec autant de vérité psychologique. Seule une femme
peut, comme c’est le cas ici, nous décrire toutes les
phases, tous les changements d’un cœur féminin et
pas à pas, depuis le premier éveil de ses sens juvéniles,
nous introduire dans le secret des erreurs qui
auraient indubitablement détruit le bonheur de sa vie
si un événement extrêmement heureux ne lui avait
pas épargné les dernières conséquences de ces fautes.