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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/117

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


Peu à peu, il réussit à vaincre sa résistance. Il galope autour d’elle, frotte ses flancs avec ses naseaux, hennit, il ne sait comment dépenser le surplus de ses forces. Sous son pelage de velours toutes les veines et tous les muscles se gonflent et le signe de sa virilité apparaît dans sa grandeur et dans sa nervosité. On ne comprend pas où tout cela va finir. À la fin, la jument accepte et se présente. En un clin d’œil il occupe le trône et attaque furieusement le port de son désir. Longtemps, longtemps il bat en vain. Ainsi autrefois dans les tournois les preux s’exerçaient à frapper l’adversaire. On voudrait aider la pauvre bête, et c’est ce que font les valets d’écurie. Mais à peine ont-ils donné de l’aide, à peine le fougueux animal a-t-il enfin réussi qu’il s’ensuit une poussée telle que l’on ne peut pas en décrire la puissance, ni le résultat. Les yeux sortent des orbites ; de la vapeur monte des naseaux ; le corps entier semble se convulsionner. Celui qui contemple ce spectacle avec l’œil du corps ou l’œil spirituel connaît une grande jouissance. Je ne puis pas cacher que je ne pouvais assez voir ce spectacle, qui m’excitait toujours au plus haut point.

Ainsi que les jeux secrets de ma tante m’avaient été révélés par hasard, c’est par hasard que j’ai fait ici ces aveux, je reprends donc au plus vite mon sujet. Après les déclarations et les intimités du fiacre, ma liaison avec Franz prit une tournure particulière. Comme je ne l’aimais pas — je ne connus ce puissant sentiment que beaucoup plus tard et