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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/151

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


vengeance est ce qui pousse le plus facilement à l’adultère, quoique les femmes mariées ne l’avouent qu’involontairement.

Roudolphine m’avoua d’ailleurs qu’elle n’aimait point le prince, et pourtant j’eus l’occasion de remarquer qu’elle était jalouse de ses faveurs, sinon de ses amitiés. Elle m’avoua encore que le prince était le seul homme auquel elle se fût donnée, excepté son mari.

Je le crois volontiers. Roudolphine devait surveiller jalousement le renom mondain de son mari et son honneur encore intact. Elle devait, avec beaucoup de prudence, faire le choix de ses relations. Son mari n’aurait pas accepté impunément une conduite légère de sa femme : s’il ne l’aimait plus, il était très fier et craignait le ridicule. Dans ces circonstances particulières, je crois volontiers que le prince était le seul homme auquel elle accordait ses faveurs ; d’un autre côté, je ne crois pas me tromper en disant qu’avant de rencontrer le prince, elle eût été très facilement la proie de tout séducteur adroit si la plus grande entremetteuse du monde, l’occasion, lui eût été favorable.

L’histoire de Roudolphine n’avait donc rien d’extraordinaire ; j’écoutais pourtant avec plaisir cette confession. De semblables histoires, concernant mon sexe, m’ont toujours captivée. J’ai le don de les provoquer par ruse ou par surprise, si mes amies ne m’ouvrent pas volontairement leur cœur et si elles ne veulent pas me révéler le secret de leurs manières de penser et de sentir.