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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/178

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


d’une femme de se donner à un homme qui ne remplisse pas un peu le cœur. Rien ne me fait autant horreur que Messaline, qui ne recherche que la volupté animale.

Roudolphine rougit sous son fard ; j’avais probablement touché juste, quoique bien involontairement.

Nous ne causâmes pas longtemps.

Je remarquai deux cavaliers qui nous examinaient à travers leur lorgnette ; l’un salua Roudolphine, tandis que je m’en allais par une autre allée.

Durant ces quinze jours que je passai à Vienne, j’appris que Roudolphine passait pour une des femmes les plus coquettes de la société. Ses amants se comptaient par douzaines. Les deux messieurs que j’avais remarqués chez Hitzig étaient du nombre, ils étaient attachés à l’ambassade brésilienne et étaient les plus grands roués de Vienne. Roudolphine me présenta même l’un d’eux, le comte de A....a. Elle n’était plus jalouse ; au contraire, elle cédait volontiers ses amants à ses amies. Elle m’avoua que ça lui faisait presque tout autant de plaisir d’assister aux jouissances sensuelles des autres. Je songeai aux scènes de « Justine » où il arrive quelque chose de semblable.

Par politesse, je rendis visite à Roudolphine. Elle était toute seule ; il était près de trois heures et demie. Elle me montra des photographies qu’elle venait de recevoir de Paris.

C’étaient des scènes érotiques, des hommes et des femmes nus. Les plus intéressantes étaient celles de