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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/191

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


fort et j’aurais pu traverser le Mein ou le Danube à la nage.

Arpard devina ma pensée, il me souffla dans l’oreille : — Veux-tu te baigner avec moi dans cet étang ? Il n’y a aucun danger. On dort depuis longtemps au restaurant. Il n’y a personne.

— Mais tu m’as dit que ce bois est peu sûr, que l’on vient d’y assassiner quelqu’un. Sinon, je veux bien.

— N’aie pas peur, chère ange. Cet endroit est encore le plus sûr. Plus près de la ville, dans l’allée des platanes qui mène à la rue du Roi, entre les villas, c’est là que c’est dangereux.

— Mais que dira-t-on à l’hôtel, si nous rentrons si tard ?

— L’hôtel est ouvert toute la nuit. Le portier dort dans sa loge. Tu connais bien le numéro de ta chambre. La femme de chambre a sûrement mis la clef sur ta porte. D’ailleurs, une excuse est vite trouvée. Moi-même, je prends souvent une chambre dans cet hôtel quand je ne veux pas réveiller le concierge de mon oncle. Je prends la première clef, j’y suis comme à la maison. Ton voisin est parti aujourd’hui, la chambre à côté est vide, je m’y logerai.

— Puisque tu me tranquillises, essayons-le. Aide-moi à me déshabiller.

Il jeta aussitôt son bonnet, son brandebourg et sa chemise et m’aida à dénouer mon corset. En moins de trois minutes, nous étions tous les deux nus au clair de lune.