Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


217
MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


elles se distinguaient aussi des autres prêtresses de Vénus. Tout se passait très luxueusement. Les hommes y avaient entrée libre, mais chaque billet de dame coûtait soixante florins.

— Vous ne verrez pas quelque chose de semblable à Paris, disait-elle. Il n’y a pas plus de trente invitées. Les plus jolies putains (Mme de L… se servait toujours des mots les plus grossiers ; je ne puis faire autrement que de les répéter ; est-ce que cela vous choque ?) les plus jolies putains y sont invitées et environ quatre-vingts messieurs. Vous voyez que le prix n’est pas exorbitant, puisqu’il y a environ cent cinquante personnes de rassemblées et que le billet revient ainsi à douze florins par tête. L’entremetteuse veut recouvrer ses frais et les messieurs le temps perdu, éclairage, musique et souper. L’année passée, les comtesses Julie A… et Bella K… ont payé douze cents florins pour couvrir les frais. Il est probable que l’entrée sera plus chère cette année. Moi, j’aurai une entrée gratuite, ainsi que d’habitude. Mais si vous voulez y participer, vous devez me le faire savoir dans le courant de la semaine pour que je vous fasse réserver un billet.

D’abord, je ne voulus pas. J’avais déjà dépensé beaucoup trop d’argent. Rose m’avait coûté plus de deux cents florins. Mes gages étaient assez élevés, mais j’aurais été embarrassée de dépenser encore quatre-vingts ou cent florins. Mais Anna me poussait tant que j’acceptai. Deux jours après, je recevais une carte d’entrée lithographiée avec une vignette que j’avais