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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/248

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


ments, et une femme n’a jamais besoin, avec eux, d’employer d’extraordinaires excitants.

Ne pensez pas, d’après ce que je vous dis, que j’aie une passion exclusive pour les Hongrois et les Hongroises ; je vais vous raconter les aventures que j’ai eues ailleurs.

Je reviens donc à mon histoire.

Je partageais mes plaisirs avec deux personnes : avec Ferry, qui était mon amant déclaré, et avec Rose, qui variait mes ébats. Un spécialiste dirait que je partageais des plaisirs homosexuels et hétérosexuels.

Ferry m’avoua qu’il n’avait connu le véritable amour qu’avec moi, que ses principes n’étaient plus aussi solides. Il croyait maintenant à la possibilité de la fidélité. Si je l’avais voulu, il m’aurait épousée ; il me le proposa plusieurs fois. Je refusai. J’avais peur de perdre son amour, si d’autres liens que ceux de l’amour nous unissaient. Le mariage est le tombeau de l’amour. L’exemple de mes parents ne me rassurait pas ; je craignais de voir notre amour profané par la loi et par l’Église. La cérémonie publique du mariage est une profanation. J’aimais ; le secret de mes plaisirs augmentait mon amour. Tout ce qui n’a pas un rapport immédiat avec l’amour et le plaisir gêne, et Ferry partageait mes vues.

J’avais pourtant une inquiétude, j’avais peur de devenir mère et de perdre ma place. Je lui fis part de mes craintes. Je lui dis aussi mon étonnement de n’être pas encore enceinte, car, avec lui, j’avais négligé