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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/254

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


Ferry ne lui était pas plus désirable que tel autre que je lui octroierais.

Il y a très peu de femmes qui connaissent le plaisir d’assister aux ébats amoureux d’un couple. Il y a aussi très peu d’hommes qui ne méprisent pas une femme qui se donne devant eux à un autre. Ferry et moi sommes de ces rares exceptions.

Il m’avait souvent demandé de me donner à un homme devant ses yeux. Je n’avais pu y consentir. Je dois avouer que je le soupçonnais de vouloir me quitter et qu’il cherchait une raison pour le faire. Je ne pouvais croire qu’il goûterait du plaisir à ce spectacle. Il me cita plusieurs exemples historiques, celui surtout de ce héros vénitien, Gatta Melatta, qui ne s’alliait avec sa femme que si celle-ci s’était auparavant abandonnée aux caresses d’un autre homme. Il décida donc d’enseigner l’amour à Rose, et je devais ensuite en faire autant avec un jeune homme.

J’eus beaucoup de peine à convaincre Rose de le faire. Elle se jeta dans mes bras, pleurait, disait que je ne l’aimais plus. Je dus lui prouver le contraire, je l’embrassai, la caressai, je lui dis tout ce que je trouvais de convaincant pour lui prouver qu’elle me ferait plaisir en accomplissant ce sacrifice. Au fond, je n’étais pas très convaincue moi-même, mais Ferry étant là, je n’osais pas reculer et je jouai mon rôle du mieux que je pus. À la fin, elle me parut convaincue et Ferry en profita aussitôt. Rose avait fermé les yeux et tremblait de tous ses membres. La petite rosse, elle ne voulait pas avouer combien je l’avais