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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/38

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


t’aime, je t’aime ! » Ils avaient aussi parlé de quelque chose qui se passait au moment de l’extase, ils s’étaient écriés ensemble encore une fois : « Je t’aime ! » De quoi parlaient-ils ? Je n’arrivais pas à comprendre. Je ne puis pas vous dire toutes les explications stupides que j’inventai alors. Il est étonnant que, malgré leur ruse naturelle, les jeunes filles cherchent si longtemps dans les ténèbres et qu’elles ne découvrent que très rarement les explications les plus simples et les plus naturelles.

Il était évident que les baisers et les jeux n’étaient pas le principal : ils n’étaient que des excitants, bien que ma mère ressentit alors la plus forte volupté. Les jeux de mon père lui avaient fait crier : « Je t’aime », elle désirait probablement un baiser, et elle avait fait la même chose à mon père.

Bref, j’avais tant de pensées que je ne pus me calmer de tout le jour. Je ne voulais questionner personne. Puisque mes parents faisaient ces choses en cachette, elles devaient être défendues. Beaucoup de visites vinrent dans la journée, et dans l’après-midi arriva mon oncle. Il était accompagné de sa femme, de ma cousine, une fillette de seize ans, et d’une gouvernante de la Suisse française. Ils passèrent la nuit chez nous, car mon oncle avait affaire en ville le lendemain. Ma cousine et sa gouvernante partagèrent ma chambre. Ma cousine devait coucher avec moi. J’aurais préféré partager la couche de la gouvernante, pour laquelle on dressa un lit de camp. Elle avait environ vingt-huit ans, était très vive et n’était jamais