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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/53

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


humains, la perpétuation du genre humain et la plus forte volupté terrestre ; et pourquoi la société voile ces choses et les entoure avec tant de mystères. J’appris encore que, malgré tous les dangers qui les entourent, les deux sexes peuvent quand même atteindre un assouvissement presque complet. Elle me mit en garde contre les suites malheureuses auxquelles une jeune fille s’expose en s’abandonnant toute. Ce que ma main inhabile lui avait procuré et ce que mon cousin avait fait étaient de ces assouvissements presque complets. Bien qu’elle eût connu toutes les joies de l’amour dans les bras d’un jeune homme vigoureux, elle était complètement satisfaite en se bornant aux joies qu’elle pouvait se donner elle-même, car elle avait eu un enfant et elle avait connu tous les malheurs d’une fille-mère. Elle me montra par l’exemple de sa vie qu’avec beaucoup de prudence et de sang-froid on pouvait s’adonner à bien des jouissances. L’histoire de sa vie était très intéressante et très instructive ; elle me fut un exemple jusqu’à ma trentième année ; elle fera le contenu de ma prochaine lettre. Pourtant j’avais déjà deviné bien des choses par moi-même. Ce qu’elle m’apprit de nouveau ne cessait de me surprendre.

Tout cela était très beau, mais ce n’était toujours pas la chose même. Je brûlais de partager et de connaître moi-même ces sensations qui, sous mes yeux, avaient agité jusqu’à l’évanouissement six personnes si différentes. Pendant que Marguerite parlait, j’avais repris mon jeu sur son corps qu’elle avait si sensible.