avec beaucoup de détails et d’amour la conformation
de sa baronne. Elle m’avoua aussi que, d’abord très
gênée, elle prit bientôt beaucoup de goût à cette singulière
occupation, et surtout quand elle vit que la
baronne ne restait pas indifférente. Celle-ci soupirait,
s’agitait doucement, ouvrait et fermait les yeux, récitait
de petites pièces de vers. Ses lèvres rouges s’entr’ouvraient,
montrant ses petites dents, et la langue
parfois apparaissait hors de la bouche comme un
oiseau qui montre la tête hors du nid. Naturellement,
aussitôt dans sa chambre, Marguerite essayait sur
elle-même la toilette complète. Quoique inexpérimentée,
elle découvrit facilement que la nature avait
caché dans le corps féminin une inépuisable source
de plaisirs, et elle paracheva bientôt ce que le peigne
avait commencé. Rusée, ainsi que toutes les jeunes
filles de son âge, elle comprit que la baronne voulait
plus que ce simple prélude, mais qu’elle ne voulait
pas l’avouer. Elle devait bientôt se convaincre combien
facile est l’accord complet quand le désir est
réciproque. Pourtant, cela dura encore plusieurs
semaines ; chacune désirait que l’autre fit le premier
pas ; chacune voulait être séduite, faire semblant
d’accorder ses faveurs. Un jour pourtant l’événement
prévu se produisit ; la baronne rejeta toute retenue
et se montra telle une femme très sensuelle et très
voluptueuse qui voulait jouir à tout prix de sa
beauté, malgré les liens serrés qui la contraignaient.
Elle s’était mariée avec un homme bientôt impuissant
et qui n’avait pu la contenter que durant les premières
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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE