Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


61
MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


avec beaucoup de détails et d’amour la conformation de sa baronne. Elle m’avoua aussi que, d’abord très gênée, elle prit bientôt beaucoup de goût à cette singulière occupation, et surtout quand elle vit que la baronne ne restait pas indifférente. Celle-ci soupirait, s’agitait doucement, ouvrait et fermait les yeux, récitait de petites pièces de vers. Ses lèvres rouges s’entr’ouvraient, montrant ses petites dents, et la langue parfois apparaissait hors de la bouche comme un oiseau qui montre la tête hors du nid. Naturellement, aussitôt dans sa chambre, Marguerite essayait sur elle-même la toilette complète. Quoique inexpérimentée, elle découvrit facilement que la nature avait caché dans le corps féminin une inépuisable source de plaisirs, et elle paracheva bientôt ce que le peigne avait commencé. Rusée, ainsi que toutes les jeunes filles de son âge, elle comprit que la baronne voulait plus que ce simple prélude, mais qu’elle ne voulait pas l’avouer. Elle devait bientôt se convaincre combien facile est l’accord complet quand le désir est réciproque. Pourtant, cela dura encore plusieurs semaines ; chacune désirait que l’autre fit le premier pas ; chacune voulait être séduite, faire semblant d’accorder ses faveurs. Un jour pourtant l’événement prévu se produisit ; la baronne rejeta toute retenue et se montra telle une femme très sensuelle et très voluptueuse qui voulait jouir à tout prix de sa beauté, malgré les liens serrés qui la contraignaient. Elle s’était mariée avec un homme bientôt impuissant et qui n’avait pu la contenter que durant les premières