tion différente. Le comte était inépuisable dans la
manière de provoquer la plus haute volupté par de
longs préambules et par les récits de ses aventures.
La baronne s’accoudait sur le lit de façon que le
comte, tourné vers elle, lui caressait le front, tandis
que Marguerite, assise sur un tabouret, avait
les yeux juste à la hauteur du lit si bien occupé. Elle
y portait les mains, jouait tantôt avec les festons des
draps fins et ajourés sur les bords, tantôt avec les
oreillers et les boucles blondes qui se répandaient sur
les épaules de la baronne. Elle ouvrait la bouche
d’étonnement selon la qualité des récits divers qu’elle
écoutait ainsi avec une attention soutenue et sans
jamais interrompre le charmant orateur. Puis dans
les moments les plus intéressants de ces histoires,
elle s’animait aussi et frottait parfois la soie des
courtines. La baronne, de son côté, ne restait pas
immobile, mais tandis que d’une main elle jouait
avec les cheveux de son amant, de l’autre elle se plaisait
à caresser la nuque de Marguerite, qui goûtait
ces douces caresses. Ceci était son plus vif divertissement !
La beauté des amants, la grâce de la baronne
qui était dans tout son développement harmonieux,
les blonds cheveux de ses tempes, la vive rougeur de
ses joues à certains moments intéressants, les belles
formes de l’homme, alors dans sa plus grande
vigueur, ses cheveux noirs qui contrastaient avec les
blonds, — et prendre part à ce spectacle, le goûter des
yeux, de tout près, partager en esprit les jouissances
des deux autres, — tant de ravissements ensemble !
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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS