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Je vais chercher le noble Athelsthane, et me rendre avec lui au banquet de Jean d’Anjou.

Il alla donc au banquet, dont nous avons déjà cité les principaux événements.

Dès qu’ils eurent quitté le château, les thanes saxons montèrent à cheval, ainsi que leurs serviteurs, et ce fut pendant la confusion qu’amena ce départ que Cédric, pour la première fois, jeta les yeux sur le déserteur Gurth.

Le noble Saxon était revenu du banquet, ainsi que nous l’avons vu, d’humeur assez querelleuse, et il lui fallait un prétexte pour passer sa colère sur quelqu’un.

— Les fers, dit-il, les fers ! Oswald, Hundibert, chiens et vilains, pourquoi laissez-vous le scélérat libre ?

Sans oser l’excuser, les compagnons de Gurth le lièrent avec un licou, comme la corde la plus facile à trouver. Il se soumit à l’opération sans oser murmurer, sauf que, lançant un regard de reproche à son maître, il dit :

— Ceci m’arrive, parce que j’ai aimé votre chair et votre sang mieux que moi-même.

— À cheval et en route ! dit Cédric.

— Il est vraiment temps, dit le noble Athelsthane ; car, si nous ne forçons pas le pas, les préparatifs de l’arrière-souper[1] du digne abbé Waltheof seront tout à fait perdus.

Les voyageurs, toutefois, firent tant de diligence, qu’ils gagnèrent le monastère de Saint-Withold avant que le malheur appréhendé eût eu lieu. L’abbé lui-même, d’une ancienne lignée saxonne, reçut les nobles saxons avec la prodigue et abondante hospitalité de sa nation, qu’il prolongea jusqu’à une heure très avancée ; et ils ne quittèrent pas leur hôte religieux le lendemain matin sans avoir partagé avec lui une collation splendide.

La cavalcade quittait la cour du monastère, lorsqu’il sur-

  1. Un arrière-souper, ou second souper, était un repas de nuit, ou quelquefois une collation donnée à une heure avancée, après le souper ordinaire.