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IVANHOÉ.

son avantage et que l’autre multipliant ses moyens de défense, le templier et de Bracy tinrent à la hâte un conseil dans la salle du château.

— Où est Front-de-Bœuf ? demanda ce dernier, qui avait dirigé la défense de la forteresse de l’autre côté du château. On dit qu’il a été tué !

— Il vit, répondit froidement le templier, il vit encore ; mais, aurait-il la tête de taureau qu’il porte sur ses armes et dix plaques de fer par-dessus pour le protéger, il lui aurait fallu fléchir sous le dernier coup de hache qu’il a reçu. Encore quelques heures, et Front-de-Bœuf aura rejoint ses ancêtres. C’est un membre puissant à retrancher du parti du prince Jean.

— Et une bonne acquisition pour le royaume de Satan, dit de Bracy. Voilà ce qui arrive quand on se moque des saints et des anges, et qu’on ordonne de jeter leurs statues du haut des murs sur la tête de ses ennemis.

— Tais-toi ! tu es un sot, dit le templier ; ta superstition ne vaut pas mieux que l’impiété de Front-de-Bœuf : aucun de vous n’est en état de donner la raison de sa croyance ou de son incrédulité.

Benedicite, messire templier ! répliqua de Bracy ; je vous prie de garder plus de mesure dans vos paroles, quand il vous plaît de parler de moi. Par la mère du Christ ! je suis meilleur chrétien que vous et que votre confrérie ; car il court le bruit, assez fondé, que le très saint Ordre du Temple de Sion nourrit bon nombre d’hérétiques dans son sein, et que Brian de Bois-Guilbert en fait partie.

— Ne fais pas attention à ces rumeurs, répliqua froidement le templier, et songeons à la défense du château. Comment se sont comportés ces vils yeomen, de ton côté ?

— Comme des démons incarnés ! s’écria de Bracy ; ils sont arrivés en fourmilière tout contre les murs, conduits, comme je le pense, par ce drôle qui a gagné le prix de l’arc ; car j’ai reconnu son cor et son baudrier. Voilà la politique tant vantée de Fitzurze, qui encourage ces insolents