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IVANHOÉ.

manda un des outlaws, et ne portait-elle pas un voile de laine fine brodé d’argent ?

— Oui, oui, s’écria le vieillard tremblant d’impatience comme il l’était auparavant de crainte. Que la bénédiction de Jacob t’accompagne ! Peux-tu m’apprendre ce qu’elle est devenue ?

— C’était donc elle, continua le yeoman, qui était enlevée par le fier templier quand il a traversé nos rangs, hier au soir. J’avais bandé mon arc pour lui envoyer une flèche ; mais je l’ai épargné à cause de la jeune fille, que mon trait aurait pu atteindre.

— Oh ! répondit le juif, plût à Dieu que tu eusses tiré, lors même que ta flèche lui eût percé le sein ! Plutôt la tombe de ses pères que la couche déshonorante du libertin et féroce templier ! Ichabod ! la gloire de ma maison s’est éteinte !

— Mes amis, dit le chef en regardant autour de lui, ce vieillard n’est qu’un juif, néanmoins sa douleur me touche. Comporte-toi franchement avec nous, Isaac : dis-moi, le paiement d’une rançon de mille couronnes te laissera-t-il tout à fait sans ressources ?

Isaac, rappelé tout à coup à la pensée de ses biens terrestres, dont l’amour, par la force d’une habitude invétérée, balançait même son affection paternelle, pâlit, balbutia, et ne put nier qu’il lui resterait encore quelque petite chose.

— Eh bien ! quand même il te resterait quelque chose, dit l’outlaw, nous ne voulons pas y regarder de trop près. Tu pourrais aussi bien espérer d’arracher ton enfant des griffes de ce Brian de Bois-Guilbert sans payer rançon que de percer un cerf royal avec une flèche sans pointe ; tu nous donneras la même rançon que le prieur Aymer, ou plutôt cent couronnes de moins ; et, afin que cette perte ne pèse pas sur notre honnête confrérie, je prends pour mon compte le sacrifice de ces cent couronnes. De cette manière, nous éviterons le péché de taxer un marchand juif à un