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III


Dans une salle, dont la hauteur était loin de correspondre à la largeur et à la longueur, une immense table de chêne, composée de planches empruntées à la forêt, rudement taillées et ayant à peine reçu le moindre poli, était disposée à recevoir le souper de Cédric le Saxon. Le toit, composé de grandes et de petites poutres, n’avait que les planches et le chaume pour séparer l’appartement du ciel. À chaque extrémité de la salle flambait un grand feu ; mais, comme les cheminées étaient très-grossièrement construites, autant de fumée, pour le moins, passait par la salle qu’il s’en échappait par l’ouverture destinée à lui donner passage ; la vapeur continuelle qui s’ensuivait avait verni les poutres de cette salle basse, en les couvrant d’une couche de suie noire et luisante ; sur les deux autres faces de la salle étaient pendus des instruments de guerre et, dans tous les angles, des portes battantes conduisaient aux diverses parties du gigantesque bâtiment.

Les autres divisions de la maison affectaient cette rude simplicité de l’époque saxonne, simplicité que Cédric se piquait de maintenir. Le parquet se composait de terre mêlée de chaux, endurcie par le tassement, comme on le voit souvent dans les aires de nos granges modernes ; sur un quart environ de la longueur de la salle, le parquet s’élevait d’un degré, et cet espace, que l’on appelait le dais, était occupé par les chefs de famille et les visiteurs de distinction ; dans cette intention, une table richement couverte de drap écarlate était placée transversalement sur la plate-forme, et de son point milieu partait une table plus longue et plus basse à laquelle mangeaient les domestiques et les gens de condition inférieure, et cette table s’étendait jusqu’au bout