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IVANHOÉ.

peine d’être tenu pour lâche et condamné par défaut ; et le noble seigneur et très révérend père a voulu que le combat ait lieu en sa propre présence, et selon l’usage en pareil cas, et que Dieu aide la bonne cause ! »

Amen ! dit le grand maître.

Et le mot fut répété par tous les assistants.

Rébecca ne dit rien, mais elle leva les yeux vers le ciel, et, croisant les mains, elle resta dans cette attitude pendant plus d’une minute. Puis elle rappela modestement au grand maître qu’il devait lui être accordé quelque facilité de communiquer librement avec ses amis pour pouvoir leur faire connaître sa position et se procurer, si la chose était possible, un champion qui embrassât sa cause.

— La demande est juste et légale, répondit le grand maître. Choisis un messager de confiance, et il communiquera librement avec toi dans ta prison.

— Y a-t-il ici quelqu’un, s’écria Rébecca, qui, soit par amour pour une bonne cause, ou pour une riche récompense, veuille se charger de rendre service à une personne malheureuse ?

Nul ne répondit ; car personne ne jugeait sans danger, en présence du grand maître, de témoigner de l’intérêt à la prisonnière calomniée, dans la crainte d’être soupçonné d’un penchant vers le judaïsme. Bien moins encore un sentiment de compassion ou l’appât d’une récompense put maîtriser cette crainte. Rébecca resta quelques instants dans une inquiétude mortelle.

— Est-il possible, s’écria-t-elle enfin, que ce soit dans ce pays d’Angleterre que je me voie privée de la faible chance de salut qui me reste, faute d’un acte de charité qu’on ne refuserait pas au plus grand criminel !

Enfin Higg, fils de Snell, répliqua :

— Je ne suis qu’un malheureux impotent ; mais, si j’ai encore un peu l’usage de mes membres, c’est à son assistance charitable que je le dois. Je ferai ta commission, ajouta-t-il se tournant vers Rébecca, aussi bien qu’il me