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IVANHOÉ.

et qui occupait l’étage supérieur. Avant que la porte en fût ouverte, ils entendirent sortir de cette chambre les accents d’un chant lent et mélancolique. Lorsqu’ils furent entrés, ils se trouvèrent en présence d’une vingtaine de matrones et de jeunes filles de nobles familles saxonnes. Quatre jeunes filles, parmi lesquelles se trouvait Rowena, conduisaient le chœur, élevant au ciel pour l’âme du défunt, une hymne dont nous n’avons pu retrouver que deux ou trois stances.

« Sorti de la poussière, l’homme doit retourner à la poussière ; sa forme passagère et périssable est revenue à la terre et aux vers ; la corruption réclame la corruption.

« Son âme voltige sur des routes inconnues, cherchant le royaume de douleur où la flamme et les tourments effaceront la trace des souillures d’ici-bas.

« Fais, ô Vierge Marie ! qu’il sorte bientôt de ce séjour de larmes ; que les aumônes, les prières et de saints cantiques délivrent son âme captive ! »

Tandis que le chœur des jeunes filles modulait cette hymne d’une voix basse et mélancolique, les autres femmes étaient occupées à orner d’une broderie, où elles mettaient tout leur goût et toute leur adresse, un grand drap de soie destiné à recouvrir le cercueil d’Athelsthane, ou à choisir dans des corbeilles de fleurs placées devant elles des guirlandes qu’elles destinaient au même emploi lugubre. Le maintien des jeunes filles était décent, sinon empreint d’une affliction profonde ; mais, de temps en temps, un murmure ou un sourire provoquait la censure des plus sévères matrones, et, çà et là, on voyait une jeune fille plus occupée d’examiner si sa robe de deuil lui allait bien que de la triste cérémonie pour laquelle elle se préparait. Et même, si nous devons confesser la vérité, ce penchant à la distraction ne fut nullement diminué par l’arrivée des deux