Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/577

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templiers appelaient volontiers des spectateurs pour être témoins de leur adresse dans les exercices de chevalerie, l’enclos était amplement garni de galeries et de bancs à leur usage.

Dans l’occasion actuelle, on avait érigé un trône à l’extrémité orientale pour le grand maître, entouré de sièges d’honneur pour les précepteurs et les chevaliers de l’ordre ; au-dessus de ces sièges flottait l’étendard sacré, appelé le Beauséant, qui était l’enseigne des templiers, et dont le nom leur servait de cri de guerre.

À l’autre extrémité de la lice était dressé un tas de fagots rangés autour d’un poteau fixé fortement en terre. La victime devait être amenée sur ce fatal bûcher pour être enchaînée au poteau par des entraves qui y restaient suspendues pour cet emploi. Près de ce terrible appareil se tenaient quatre esclaves noirs, dont le teint et les traits africains, alors si peu connus en Angleterre, effrayaient le peuple, qui les regardait comme des démons employés à leurs fonctions infernales ; ils étaient complètement immobiles, si ce n’est que, de temps à autre, ils faisaient un mouvement pour attiser et renouveler le combustible. Ils ne jetaient pas les yeux sur la foule ; ils semblaient insensibles à tout ce qui les entourait, sauf à l’accomplissement de leur horrible devoir ; et quand, se parlant les uns aux autres, ils ouvraient leurs lèvres épaisses et découvraient leurs dents blanches comme s’ils eussent souri d’avance à la scène tragique qu’ils attendaient, la populace épouvantée ne pouvait s’empêcher de croire que ce fussent là, en effet, ces esprits surnaturels avec lesquels la sorcière s’était entretenue, et qui, à l’expiration du temps qui leur avait été accordé sur terre, venaient assister à son terrible châtiment. Les assistants se parlaient à l’oreille et se communiquaient tous les faits que Satan avait accomplis pendant cette époque d’agitation et de malheur, ne manquant pas nécessairement de donner au diable un peu plus que ce qui lui était dû.