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Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/14

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CHAPITRE II

Vous voulez donc passer pour Hearne le chasseur ?
Shakspeare. Les joyeuses Femmes de Windsor.

Dans un des cantons les plus reculés du sud de l’Écosse, un jeune homme nommé Halbert ou Hobbie Elliot, fermier aisé qui se vantait de descendre de l’ancien Martin Elliot de la tour de Preakin, si fameux dans les traditions et les ballades nationales des frontières, revenait de la chasse et regagnait son habitation. Les daims, autrefois si multipliés dans ces montagnes solitaires, avaient presque entièrement disparu : le peu qui en était resté se retirait dans des lieux presque inaccessibles. Cependant on voyait plusieurs jeunes gens du pays se livrer avec ardeur à cette chasse, malgré les périls et les fatigues qui y étaient attachés. L’épée des habitants des frontières avait dormi dans le fourreau depuis la pacifique union des deux couronnes sous le règne de Jacques, premier roi de ce nom qui occupa le trône de la Grande-Bretagne ; mais ces contrées conservaient des traces de ce qu’elles avaient été naguère. Les habitants, dont les occupations paisibles avaient tant de fois été interrompues par les guerres civiles ne s’étaient pas encore pliés tout à fait aux habitudes d’une industrie régulière. Ce n’était encore que sur une très petite échelle que l’exploitation des bêtes à laine était établie, et l’on s’occupait principalement de l’élève du gros bétail. Le fermier ne songeait qu’à semer la quantité d’orge et d’avoine nécessaire aux besoins de sa famille ; et le résultat d’un pareil genre de vie était que bien souvent lui et ses domestiques ne savaient que faire de leurs loisirs. Les jeunes hommes les consacraient à la chasse et à la pêche ; et à l’ardeur avec laquelle ils se livraient à ces exercices, on reconnaissait l’esprit aventureux qui jadis guidait dans leurs déprédations les habitants des frontières de ce district.

À l’époque où commence cette histoire, les plus hardis jeunes gens de la contrée attendaient avec plus d’impatience que de crainte une occasion d’imiter les exploits guerriers de leurs ancêtres, dont le récit faisait une partie de leurs amusements domestiques. L’acte de sécurité publié en Écosse avait donné l’alarme