Aller au contenu

Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
LES PURITAINS D’ÉCOSSE

vaut bien la masse d’un homme de justice. — Ainsi, pour mettre fin à cette discussion, vous plaira-t-il, jeune homme, de me dire quand et où vous ayez vu Balfour de Burley ?

— Comme je ne vous reconnais pas le droit de me faire cette question, je n’y répondrai pas.

— Je le ferai donc pour vous. Vous avez avoué à mon brigadier que vous avez donné asile à ce traître que vous connaissiez pour tel. Pourquoi n’êtes-vous pas aussi franc avec moi ?

— Parce que je présume que votre naissance et votre éducation doivent vous avoir appris à connaître quels sont les droits de tout Écossais, et que je veux vous faire voir qu’il en existe encore qui savent les faire respecter.

— Et vous seriez disposé à les soutenir les armes à la main ?

— Si nous étions tête à tête, tous deux l’épée à la main, vous ne me feriez pas deux fois cette question.

— C’en est assez, répliqua Claverhouse : vos discours confirment l’idée que j’avais conçue de vous. Mais vous êtes le fils d’un soldat, vous paraissez avoir de la bravoure ; et, quoique vous soyez un rebelle, je vous épargnerai l’infamie d’une mort déshonorante.

— De quelque manière que je doive mourir, je mourrai comme le fils d’un brave militaire, et l’infamie dont vous parlez retombera sur ceux qui versent le sang innocent.

— Vous avez cinq minutes pour faire votre paix avec le ciel. — Bothwell, conduisez le prisonnier dans la cour, et disposez votre peloton.

Une telle conversation avait glacé d’horreur et réduit au silence ceux qui l’entendaient ; mais en cet instant tous se récrièrent, tous intercédèrent en faveur de Morton. Lady Marguerite elle-même, insistait fortement.

— Colonel Grahame, épargnez ce jeune imprudent ; que son sang ne souille pas les murs d’une maison où vous avez reçu l’hospitalité !

— Vous m’épargneriez le chagrin de vous refuser, Madame, répondit Claverhouse, si vous réfléchissiez au sang que ses pareils ont fait répandre.

— Je laisse le soin de la vengeance à Dieu, s’écria la vieille dame. La mort de ce jeune homme ne rendra pas la vie à ceux que nous regrettons. Jamais le sang n’a été répandu dans les murs de Tillietudlem. Accordez-moi sa vie !

— Il faut que je fasse mon devoir, Madame, Lorsque vous savez que des révoltés sont en armes non loin de vous, pouvez-vous demander le pardon d’un jeune fanatique qui à lui seul suffirait pour souffler la rébellion dans tout le royaume ? Impossible !