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Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/210

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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Ne vous nomme-t-on pas Balfour de Burley ? dit Grahame commençant à se souvenir qu’il avait vu quelque part l’homme qui lui parlait ainsi.

— Et quand cela serait, qu’aurais-tu à lui dire ?

— Que comme vous êtes exclu du pardon que je suis chargé d’offrir au nom du roi, ce n’est point pour traiter avec vous, mais avec ces paysans que je suis envoyé.

— Tu es encore jeune, l’ami, et tu ne connais pas ton métier. Sache qu’on ne peut traiter avec une armée que par l’intermédiaire de ses chefs, et qu’un parlementaire qui agit autrement perd ses droits à son sauf-conduit. — (Balfour armait sa carabine.)

— Les menaces d’un meurtrier ne m’empêcheront pas de remplir mon devoir. — Braves gens, au nom du roi et de mon pays, écoutez, cria le cornette : je proclame un pardon général, au nom du roi et de mon colonel, si vous mettez bas les armes, excepté…

— Je t’ai averti, interrompit Burley en le couchant en joue.

— Pardon général, excepté…

— Que Dieu fasse grâce à ton âme. — (Et il lâcha la détente.) — Le coup fut mortel. Richard Grahame tomba de cheval, s’écria : — Ma pauvre mère ! et ferma les yeux pour ne plus les rouvrir.

— Qu’avez-vous fait ? dit un de ceux qui l’accompagnaient.

— Mon devoir. Frappe pour montrer ton zèle, a dit l’Écriture. Qu’un d’eux ose venir nous parler de pardon à présent !

Claverhouse avait vu tomber son neveu. Jetant sur Evandale un coup d’œil qui annonçait une émotion qu’on ne saurait décrire, il lui dit : — Vous voyez ! — et ses traits reprirent leur sérénité ordinaire.

— Je le vengerai ou je périrai ! s’écria le capitaine ; — et, piquant des deux, il descendit la montagne au grand galop, suivi de toute sa compagnie et de celle de Grahame.

— Halte ! s’écria Claverhouse ; cette précipitation nous perd ! Se jetant l’épée à la main au-devant de la seconde ligne, il parvint, en employant tour à tour la prière et les menaces, à l’empêcher de suivre cet exemple contagieux. — Allan, dit-il alors au major, conduisez l’escadron au pas pour soutenir Evandale ; il va avoir besoin de secours. — Bothwell, tu es un drôle brave et entreprenant ?

— Oui-da ! vous vous en souvenez.

— Prends dix hommes avec toi, tâche de tourner le marais, et attaque l’ennemi en flanc, tandis que nous l’aborderons de front.

Bothwell s’élança pour exécuter cet ordre.