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Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/277

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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

comment pourriez-vous le défendre plus longtemps, sans vivres et avec une garnison insubordonnée ? Vous aurez un sauf-conduit, pour vous et pour tous ceux qui voudront vous suivre, pour vous rendre soit à Édimbourg, soit partout où se trouvera le duc de Monmouth. Ceux qui refuseront de vous accompagner n’auront à accuser qu’eux-mêmes du sort qui pourra les atteindre. La seule chose que j’exige de vous, c’est votre parole de présenter au duc cette humble pétition qui contient nos justes remontrances ; et si l’on nous accorde ce que nous demandons, je réponds sur ma tête que la presque totalité des insurgés mettra bas les armes sans différer.

— Monsieur Morton, dit lord Evandale après avoir lu avec attention l’écrit qu’il venait de recevoir, je ne vois pas qu’on puisse élever de sérieuses objections contre de pareilles demandes. Je crois même qu’elles sont conformes aux sentiments particuliers du duc de Monmouth ; mais je dois vous parler avec franchise ; je vous dirai donc que je ne crois pas qu’elles vous soient accordées, à moins que vous ne commenciez par déposer les armes.

— Ce serait convenir que nous n’avions pas le droit de les prendre, répliqua Morton ; c’est ce que nous ne ferons jamais.

— Eh bien, je prévois que c’est contre cet écueil qu’échouera la négociation. Au surplus, quoique je vous aie dit mon opinion, je n’en suis pas moins disposé à présenter vos demandes.

— C’est tout ce que je désire. Vous acceptez donc le sauf-conduit ?

— Oui, et si je ne m’étends pas sur la reconnaissance que je dois à celui qui me sauve une seconde fois la vie, croyez que je ne la ressens pas moins vivement pour cela.

— Vous n’oubliez pas que le château doit être rendu à l’instant ?

— J’en vois la nécessité.

— Vous êtes donc libre. Je vais vous donner une escorte pour vous conduire en sûreté jusqu’au château.

Laissant lord Evandale charmé d’une délivrance si inattendue, Morton se hâta de faire prendre les armes à quelques hommes dont il était sûr, et de les faire monter à cheval. Jenny, parfaitement réconciliée avec Cuddy, se mit en croupe derrière lui.

L’aurore commençait à paraître quand ils arrivèrent au château. Lord Evandale s’avança seul, suivi de Jenny. Comme ils approchaient, ils entendirent dans la cour un tumulte, deux coups de pistolet se firent entendre ; tout annonçait que les mutins se disposaient à mettre leur complot à exécution. Le capitaine se nomma quand il fut arrivé au guichet, dont, par un heureux hasard, la garde était confiée en ce moment à Holliday. Cet homme, qui n’avait pas oublié les bontés qu’on avait eues pour lui au château