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Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/325

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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

rianisme comme religion nationale et rendu aux assemblées générales de l’église toute leur influence primitive, étaient restés bien en deçà des prétentions extravagantes que les non-conformistes et les caméroniens proclamaient sous les rois Charles et Jacques. Ils ne voulurent écouter aucune proposition tendant à rétablir la ligue solennelle et le Covenant ; et ceux qui s’attendaient à trouver en Guillaume un monarque zélé covenantaire furent désappointés lorsqu’il intima qu’il entendait tolérer toutes les formes de religion compatibles avec la sûreté de l’état. Les principes de tolérance ainsi adoptés par le gouvernement blessaient les whigs exagérés. Ces mêmes hommes censuraient et condamnaient comme entachées d’érastianisme la plupart des mesures par lesquelles le nouveau gouvernement manifesta l’intention de s’immiscer dans les affaires de l’église ; enfin, ils refusèrent de prêter le serment d’allégeance au roi Guillaume et à la reine Marie, jusqu’à ce que les deux époux couronnés eussent juré le Covenant et la grande-charte du presbytérianisme, comme ils l’appelaient eux-mêmes.

Ce parti était donc toujours mécontent : si on l’eût persécuté comme sous les deux règnes précédents, il en serait résulté une révolte ouverte ; mais on laissa les mécontents s’assembler et témoigner tant qu’ils voulurent contre le socinianisme, l’érastianisme et toutes les défections du temps : leur zèle, n’étant plus alimenté par la persécution, s’éteignit peu à peu ; le nombre des réfractaires diminua, et bientôt il fut réduit à quelques fanatiques isolés.

Pendant les premières années qui suivirent la révolution, les caméroniens continuèrent à former une secte forte par le nombre, violente dans ses opinions politiques, et que le gouvernement cherchait à détruire, tout en temporisant par prudence avec eux.

Tel était l’état des partis en Écosse après la révolution de 1688.

Ce fut à cette époque, et par une belle soirée d’été, qu’un étranger, monté sur un bon cheval, descendit une colline d’où l’on apercevait les ruines pittoresques du château de Bothwell, et la Clyde qui serpente à travers les montagnes. Le pont de Bothwell terminait la plaine qui, peu d’années auparavant, avait offert une scène sanglante de carnage et de désolation. Le sentier que suivait le voyageur était çà et là bordé de grands arbres.

L’habitation la plus proche était une ferme. À l’entrée du sentier qui conduisait à cette modeste habitation s’élevait un petit cottage qu’on aurait pu prendre pour une loge de concierge. Cette chaumière avait son petit jardin, où quelques arbres fruitiers se mêlaient aux végétaux culinaires. Une vache et six moutons paissaient dans un enclos voisin. Une légère vapeur d’azur, qui s’échappait