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Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/372

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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Et quel est son nom, imbécile ?

— Eh bien, Milady, c’est Gibby, qui garde maintenant les vaches d’Edei-Henshaw ; qui était autrefois garçon de basse-cour à Tillietudlem,

— Demandez-lui ce qu’il veut me dire.

— Je l’ai fait, Milady, mais il m’a répondu que celui qui l’envoie lui a donné ordre de ne parler qu’à vous-même : pour dire la vérité, je crois qu’il avait trop bu, et il a l’air aussi bête que de coutume.

— Dites-lui de repasser demain matin quand il sera à jeun.

En annonçant à Gibby qu’il ne pouvait entrer, Gudyil fit de nouveaux efforts pour apprendre de lui ce qu’il avait à dire à sa maîtresse ; mais il n’y put réussir. Gibby remit dans sa poche un billet qu’il tenait à la main ; et, trop fidèle à exécuter littéralement ce qui lui avait été recommandé, il refusa opiniâtrement de s’en dessaisir, il dit qu’il reviendrait le lendemain.

Il était pourtant de la plus grande importance que ce billet fut remis sur-le-champ. Morton avait rencontré Gibby gardant ses vaches près du pont de Bothwell, et avait écrit au crayon quelques lignes à la hâte, pour avertir lord Evandale des complots de Basile Olifant ; il l’engageait à fuir sans délai ou à se rendre sur-le-champ à Glascow, où il l’assurait qu’il trouverait protection. Il avait adressé ce billet à lord Evandale, recommandé au commissionnaire de faire toute diligence, de le lui remettre en mains propres, et lui avait donné deux dollars pour exciter son activité. Mais il était dans la destinée de Gibby que son intervention serait funeste à la maison de Tillietudlem. Pour s’assurer si l’argent qu’il avait reçu était de bon aloi, il entra dans un cabaret, et il y fit une si longue halte, que l’ale et l’eau-de-vie lui enlevèrent le peu de bon sens qu’il possédât. En arrivant à Fairy-Knowe, il ne pensa plus à lord Evandale, demanda lady Marguerite dont le nom lui était beaucoup plus familier, et, ne pouvant remettre sa missive en mains propres, il préféra la garder que de la confier à un intermédiaire.

Gudyil quittait à peine la salle à manger lorsque Edith y entra. Lord Evandale et elle montrèrent quelque embarras. Lady Marguerite s’en aperçut ; mais ignorant ce qui s’était passé la veille, elle ne l’attribua à aucune cause extraordinaire.

En ce moment Edith, pâle comme la mort, dit ou plutôt fit entendre à lord Evandale qu’elle désirait lui parler en particulier. Il lui offrit le bras, la conduisit dans une petite antichambre qui précédait la salle, la fit asseoir dans un fauteuil, et prit un siège à côté d’elle.

— Je suis désespérée, Milord, lui dit-elle du ton le plus ému et