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Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/377

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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

reprit avec joie la culture des terres de la baronnie de Tillietudlem et la possession de son premier cottage.

— Mais le mariage des principaux personnages ?

— Il n’eut lieu que plusieurs mois après la mort de lord Evandale.

— J’espère que ce fut du consentement de lady Bellenden.

— Lady Marguerite fût longtemps à pardonner à Morton d’avoir eu pour père un colonel covenantaire. Edith était sa seule espérance, et elle désirait la voir heureuse ; Morton, ou Melville Morton, comme on l’appelait plus généralement, jouissait à un si haut degré de l’estime générale, et il était sous tant de rapports un parti sortable, que, faisant taire enfin ses préjugés, elle se consola en songeant que le destin règle les mariages.

— Fort bien, dit miss Buskbody ; mais qu’est devenue mistress… comment l’appelez-vous donc ? la vieille femme de charge de Milnwood ?

— De tous mes personnages, lui dis-je, c’est peut-être elle qui fut la plus heureuse ; M. et madame Melville Morton, une fois l’an, et pas davantage, dînaient en grande cérémonie dans le salon lambrissé, toutes les tapisseries déroulées, et sur la table l’énorme chandelier de bronze. Les préparatifs pour les recevoir l’occupaient six mois d’avance, et elle employait les six autres à remettre tout en ordre après leur départ.

— Et Niel Blane ?

— Vécut fort vieux, buvant de l’ale et de l’eau-de-vie avec les royalistes comme avec les whigs, et jouant des airs de cornemuse pour les uns comme pour les autres. Les biens qu’il laissa procurèrent à sa fille Jenny l’alliance d’un cock-laird[1].

Miss Buskbody plaça son pied gauche sur la grille du foyer, croisa sa jambe droite sur son genou, s’appuya sur son fauteuil, et se frotta le front en levant les yeux vers le plafond. J’en conclus qu’elle se préparait à me faire subir un nouvel interrogatoire, et, prenant mon chapeau, je lui souhaitai une bonne nuit.

De la même manière, bon lecteur, vous remerciant de votre patience, qui vous a conduit jusqu’ici, je prends la liberté de vous saluer et de vous dire adieu pour le moment.


FIN DES PURITAINS D’ÉCOSSE
  1. On appelle cock-laird, en Écosse, le propriétaire qui cultive lui-même sa terre. C’est à peu près le gentleman farmer de l’Angleterre.