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CHAPITRE XV

.......Le temps et le chagrin
Ont détaché son cœur, aigri son caractère.
N’importe, il faut le voir, s’offrir à sa colère ;
Conduisez-nous vers lui........

Spencer. La Reine des Fées.

La personne qui entra était M. Ratcliffe, Ellieslaw, dans le trouble qui l’agitait, ayant oublié de révoquer l’ordre qu’il avait donné de le faire venir. Mais ne voyant qu’Isabelle : — Miss Vere est seule ! s’écria-t-il ; seule, à genoux et en pleurs !

— Je ne puis vous écouter, monsieur Ratcliffe ! Recevez mes adieux, et laissez-moi pour l’amour du ciel !

— Dites-moi seulement s’il est vrai que ce monstrueux mariage doit avoir lieu ce soir même. J’ai entendu les domestiques en parler.

— Épargnez-moi, de grâce, monsieur Ratcliffe.

— Mariée à sir Frédéric ! cette nuit même ? cela ne sera pas.

— Il faut que cela soit ! la vie de mon père en dépend.

— Vous vous sacrifiez pour sauver celui qui… Je trouverais plus d’un moyen d’empêcher ce mariage. Mais le temps presse ; il faut, miss Vere que vous imploriez la protection du seul être humain qui ait le pouvoir de conjurer les maux qu’on vous prépare.

— Et qui peut être doué d’un tel pouvoir ?

— Celui qu’on nomme Elshender, le solitaire de Mucklestane-Moor. Cet être a le moyen de mettre un obstacle invincible à cet odieux mariage.

— Et d’assurer les jours de mon père ?

— Oui… Mais comment parvenir à lui parler ce soir ?

— J’espère y parvenir, dit Isabelle se rappelant tout à coup la rose qu’il lui avait donnée. Je me souviens qu’il m’a dit que je pouvais recourir à lui dans l’adversité ; que je n’aurais qu’à lui montrer cette fleur.

— Heureux événement !

— Que faut-il donc que je fasse ?

— Sortir du château à l’instant, et courir vous jeter aux pieds