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Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/111

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ABIG. Dans une demi-heure !

BOL. Il faut que je parle à la reine !…

ABIG. Elle est renfermée avec les ministres qui viennent d’arriver… C’est pour cela qu’on m’a renvoyée.

BOL., se frappant la tête. Mon Dieu !… mon Dieu ! que faire ?… Il faut pourtant que je sache comment s’est tout à coup éteinte cette haine attisée par moi, et qu’à tout prix je rallumerai ! Mais pour tout cela une demi-heure !…

ABIG., lui montrant la porte du fond, à gauche, qui s’ouvre. Quel bonheur !… c’est la reine !

BOL., respirant. Je savais bien qu’entre la fortune et moi le dernier mot n’était pas… Laissez-nous, Abigaïl. Laissez-nous… Veillez à l’arrivée de la duchesse, et quand elle paraîtra, venez nous avertir !

ABIG. Oui milord !… Que Dieu le protège !…

(Abigaïl sort par la porte du fond à droite.)

Scène III.

LA REINE, BOLINGBROKE.

LA REINE, à part. Oui, pourvu qu’à ce prix j’achète le repos, j’y suis décidée !… (Levant les yeux, et gaîment.) Ah ! c’est vous, Bolingbroke, je suis heureuse de vous voir ! je viens de passer la journée la plus ennuyeuse…

BOL., souriant, avec ironie. J’apprends le nouveau trait de clémence de Votre Majesté !… c’est magnanime à elle d’oublier ainsi le scandale d’hier.