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Page:Segalen - Stèles.djvu/149

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MOMENT


Ce que je sais d’aujourd’hui, en hâte je l’impose à ta surface, pierre plane, étendue visible et présente ;


Ce que je sens, — comme aux entrailles l’étreinte de la chute, — je l’étale sur ta peau, robe de soie fraîche et mouillée ;


Sans autre pli, que la moire de tes veines : sans recul, hors l’écart de mes yeux pour te bien lire ; sans profondeur, hormis l’incuse nécessaire à tes creux.


Qu’ainsi, rejeté de moi, ceci, que je sais d’aujourd’hui, si franc, si fécond et si clair, me toise et m’épaule à jamais sans défaillance.