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Page:Segalen - Stèles.djvu/154

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Je ne les touche point. Je ne les conduis pas : la vitesse élancée me détourne de voir avant.



Quel éperdu dans ma course à rebours ! Sans lampe ni rênes, roulant d’un fond à l’autre des ténèbres seulement cinglées d’éclats des sabots choqués !


Je sais pourtant les pistes familières, le lieu où la Rouge hennit, où la Maigre bute et se couronne ; la fourche où l’attelage hésite et le mur que tout vient frapper du front.


Sous mes doigts caressant la pierre aimante, fidèle au Midi, je garde le sens de la lumière.



Ha ! les foulées doublent et la vitesse et le vent. L’espace fou siffle à ma rencontre ; l’essieu brûle, le timon cabre, les rayons brillent en feu d’étoiles :