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Page:Segalen - Stèles.djvu/22

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à un Sage ; l’éloge d’une doctrine ; un hymne de règne ; une confession de l’Empereur à son peuple ; tout ce que le Fils du Ciel siégeant face au Midi a vertu de promulguer.

Par déférence, on plantera droit au Nord, pôle du noir vertueux, les Stèles amicales. On orientera les amoureuses, afin que l’aube enjolive leurs plus doux traits et adoucisse les méchants. On lèvera vers l’Ouest ensanglanté, palais du rouge, les guerrières et les héroïques. D’autres, Stèles du bord du chemin, suivront le geste indifférent de la route. Les unes et les autres s’offrent sans réserve aux passants, aux muletiers, aux conducteurs de chars, aux eunuques, aux détrousseurs, aux moines mendiants, aux gens de poussière, aux marchands. Elles tournent vers ceux-là leurs faces illuminées de signes ; et ceux-là, pliés sous la charge ou affamés de riz et de piment, passent en les comptant parmi les bornes. Ainsi, accessibles à tous, elles réservent le meilleur à quelques uns.

Certaines, qui ne regardent ni le Sud ni le Nord, ni l’Est ni l’Occident, ni aucun des points interlopes, désignent le lieu par excellence, le milieu. Comme les