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Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/184

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rassembla ses ouvriers, Leur représenta avec beaucoup d’exagération les bénéfices que leur rapportait la fabrication de ces petits temples, la perte considérable que leur faisaient éprouver les Chrétiens, la ruine qui les menaçait tous, maître et ouvriers, la diminution certaine de l’importance d’Éphèse et de la grande Diane, leur déesse.

Alors, tous ces ouvriers entrèrent en fureur et se mirent à crier :

« Vive la grande Diane d’Éphèse ! »

En peu d’instants, toute la ville fut dans un tumulte effroyable. Ils coururent au théâtre, lieu ordinaire des assemblées du peuple, traînant avec eux deux des disciples de l’Apôtre saint Paul. Paul voulut aller lui-même parler au peuple. Mais ses disciples, craignant pour sa vie, l’en empêchèrent, le retenant de force. On le pria instamment de rester enfermé.

Les Juifs qui avaient, comme les Chrétiens, horreur des idoles, eurent très-peur que les révoltés ne se tournassent aussi contre eux ; ils se voyaient déjà livrés au pillage et au massacre comme les Chrétiens. Ils voulurent faire parler en leur faveur un certain Alexandre qui avait de l’empire sur les ouvriers ; mais ceux-ci, ayant reconnu qu’Alexandre était juif, se mirent à crier pendant deux heures, sans vouloir rien entendre :

« Vive la grande Diane des Éphésiens ! »

Enfin un homme sage et puissant apaisa les clameurs de la multitude et les engagea, si on leur avait fait du tort, à aller se plaindre au Proconsul qui leur ferait rendre justice. Il finit par les calmer et les disperser.

Lorsque le tumulte fut apaisé, Paul rassembla ses disciples et leur dit qu’il était résolu à partir pour la Macédoine.