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Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/239

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beaucoup et ils avaient soin de pourvoir aux nécessités des prêtres et des pauvres.

Madeleine. Mais à présent, Grand’mère, il me semble qu’on donne beaucoup.

Grand’mère. Non, chère petite. Les petites fortunes donnent plus que les grandes ; mais généralement on donne très-peu, trop peu en proportion de ce que l’on a.

Élisabeth. Et quelle est la proportion dans laquelle on doit donner, Grand’mère ?

Grand’mère. C’est assez difficile à déterminer, chère petite ; pourtant il y avait jadis une règle établie ou plutôt conseillée par l’Église, qui était de donner pour les choses de bienfaisance, le dixième de son revenu ; on ne l’observe plus maintenant ; dans les temps anciens, tout le monde y obéissait. Au temps actuel, il y a des familles qui vivent de leur travail et qui ne pourraient pas donner le dixième de leur revenu. Tu penses qu’un ouvrier qui gagne six ou huit cents francs par an, et qui a une femme et des enfants à nourrir, ne peut pas prendre là-dessus soixante à quatre-vingts francs, sous peine de manquer de pain ou de vêtements ; il donnera beaucoup en donnant dix francs ; tandis que l’homme qui a quatre-vingt mille francs de revenu ne donne pas assez en en donnant huit mille, et celui qui a quatre ou cinq cent mille francs de revenu ne donne pas assez en donnant cent mille francs.

Mais pour en revenir à saint Paul, lui et les Chrétiens pauvres vivaient de ce que leur donnaient les riches. Dans ce temps de véritable fraternité, les pauvres ne craignaient pas d’être repoussés ; les riches venaient au-devant de leurs besoins ; ils envoyaient à la recherche des nécessiteux, et ils