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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/14

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iv

de l’homme pouvoit être amélioré ; et que s’il étoit une destinée irrévocable, cette destinée même contenoit sans doute un tems meilleur, puisque la versatilité des opinions funestes sembloit montrer que les habitudes malheureuses ne faisoient point partie de la nature essentielle de l’homme. J’osai donc concevoir un grand dessein[1] ; soit sensibilité, soit génie, soit orgueil, je voulus tenter de ramener l’homme à ses habitudes pri-

  1. Supposer une vie sans desseins, un être actif sans volonté, ou qui ne se propose point de but aux actes de cette volonté, c’est admettre des sensations sans résultat, une série de causes productives par leur nature, et pourtant stériles par le fait. Il est donc contradictoire qu’un homme qui possède ses facultés naturelles agisse absolument sans choix, et vive sans aucun projet, quelque peu passionné, quelque désabusé qu’il soit, quelque persuadé qu’il puisse être que le cours de toutes choses est déterminé par une invariable nécessité.