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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/21

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rience d’elle-même. La folie des tems écoulés ne pourra-t-elle instruire des tems meilleurs ? et faudra-t-il que dans ses mutations inconsidérées cette espèce toujours avide et toujours trompée, perde sa durée toute entière à s’essayer à vivre ? Répétons-lui la leçon terrible, proférée par toutes les contrées et transmise par tous les âges ; qu’elle suive la filiation de toutes ses misères, qu’elle en reconnoisse la source commune dans l’abus du besoin de jouir ; qu’elle abjure enfin le désir trop extensif de l’inexpérimenté, l’avidité des extrêmes, et la vénération de l’inconnu, et l’amour du gigantesque, et l’habitude des passions ostensibles, et l’orgueil des vertus austères, et la manie des abstractions, et la vanité de l’intellectuel, et la crédulité pour l’invisible, et le préjugé universel de la perfectibilité. Lisons avec impartialité dans le grand livre des désastres du monde.