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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/227

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tement organisée : ils ne peuvent donc recevoir des sensations aussi délicates et aussi variées, ni concevoir des pensées aussi étendues. Comme ils ont moins du principe actif, leur faculté de penser sera beaucoup plus limitée ; comme ils reçoivent par leurs organes plus grossiers moins d’impressions à comparer, ils jugeront moins, et dès-lors encore penseront moins ; et il s’ensuivra de même qu’ils auront peu de mémoire, et surtout une très-foible et peut-être même aucune prévoyance de l’avenir.

Dans ce que nous nommons végétal, le feu élémentaire beaucoup plus foible, suffit seulement à l’organisation ; il maintient dans la plante le mouvement nécessaire pour conserver et nourrir son ensemble ; et, si vous voulez, il n’y produit rien de plus.

Vous expliquerez ainsi les différences incalculables que la nature a établi entre les êtres organisés, depuis l’être inconnu, mais probable, beaucoup plus intelligent que l’homme, jusqu’à l’être, aussi probable et aussi inconnu, moins organisé que la pierre. Vous ne trouverez plus contradictoire la gradation fortuite des êtres ; vous ne ferez plus de ces classes imaginaires que l’observation de la nature dément sans cesse, et auxquelles vous forçoient le double