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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/231

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combattrois toutes les absurdités qu’il faut dévorer dans le préjugé contraire que l’on ne craint point d’affirmer. Je demanderais comment l’ame immatérielle agit sur le corps ? comment elle est dans l’étendue ? comment elle se modifie en couleur, en son, en odeur ? Je demanderais ce qu’étoit avant la formation de l’homme corporel, cet être réel à part, ce pur esprit simple ; à quel moment et par quel moyen il s’unit à lui ? Je demanderais où il étoit avant la formation du fœtus ? S’il existoit avant, je demanderais pourquoi il existoit avant, en quel lieu il attendoit ? ou, s’il n’étoit dans aucun lieu, comment il est maintenant dans un corps ? Je demanderois s’il se connoissoit lui-même, et alors comment il se fait qu’il n’en ait aucun souvenir ? ou s’il s’ignoroit, et alors quelle est l’existence d’un être essentiellement pensant et sentant, qui pourtant

    turelle, qui seule nous importe, qui seule peut être certaine ; pour nous convaincre que l’homme, né pour sentir toujours et raisonner très-peu, est destiné à être heureux et non savant ; pour nous conduire à ce grand principe, que l’on pourroit instituer un peuple bon sans nos connoissances vaines.

    Les faiseurs de systèmes n’ont pas toujours donné à leurs hypothèses le titre de rêveries.