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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/27

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suivre avec sûreté les ramifications du vaste dédale de l’opinion. Peut-être les amis du vrai se reposeront volontiers avec moi sur les confins de l’erreur. Il est bon de l’observer sans dédain[1] : l’universalité des hommes ne l’auroit point prise pour la vérité, si elle n’avoit eu avec celle-ci des rapports et des conformités réelles. Il faut connoître ses moyens de séduction, pour s’assurer que la vérité elle-même n’est pas une séduction nouvelle. Les premières affections de l’homme forment un centre simple, vrai, essentiel, d’où partent des rayons illimités, qui sont seuls des voies de certitude. L’espace vide qu’ils laissent entre eux, est celui des rapports métaphysiques ; c’est la région de l’idéal. Près du centre, l’on ne saurait s’égarer long-tems ; serré de

  1. C’est encore un préjugé, que le mépris trop partial des préjugés mêmes.