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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/276

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puisque la vie doit être employée à agir et non à résoudre ; puisque toute action demande une sorte de continuité, et tout travail une durée qui le mène à son but. Il a donc fallu statuer une fois ce que l’on fera toujours, et décider en un tems marqué, ce que l’on fera pendant un tems plus long. Pour que la société soit bien ordonnée, pour que l’abandon s’accorde avec la prudence, et l’indépendance de chacun avec la soumission à la volonté de tous, il est donc nécessaire que la prudence des vieillards, l’énergie des âmes fortes, et toute la sagesse de ceux qui font du cœur humain une étude véritable et profonde, préparent et déterminent le concours de toutes les volontés, et que leur résultat, une fois fixé dans un tems précis, soit ensuite constamment suivi : il est donc nécessaire que tous les moyens que l’homme a reçu de résoudre sagement et librement, soient réunis pour la confection de la loi, afin qu’ensuite nul n’ayant nulle raison, nul droit, et même nul prétexte de la blâmer, de l’enfreindre, de l’éluder, tous obéissent heureusement à l’ordre de choses qu’elle a préparé. Dans un état bien institué, la foiblesse vulgaire, l’indifférence philosophique, la vertu des grandes ames