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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/316

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terdit à l’homme détendre dans des régions nouvelles son vaste trafic, gloire et félicité des nations, et de changer dans les airs son or et ses rubans pour des porcelaines et de l’opium ? qui lui interdit les moyens de foudroyer une armée entière par une détonation dont un enfant lâcheroit l’industrieux ressort ? Ô hommes ! ces merveilles, et de plus grandes encore ne vous sont point impossibles ; mais consultez vos facultés passives, interrogez cette nature toujours la même ; elle vous répondra dans tous les tems. Elle répondra, à tous les peuples : mortels inquiets et instantanés vous pourrez multiplier dans une extension indéfinie les produits de vos facultés actives, car alors vous êtes seulement l’occasion, les forces du globe sont vos moyens ; mais vous n’ajouterez rien à vos forces passives, là les moyens sont en vous, ils ne croîtront pas. Mortels trompés, vous n’étendrez jamais que vos désirs et vos misères. Vous pourrez épuiser la terre qui vous porte, mais le foyer dévastateur sera dans vos cœurs, il vous consumera les premiers.

Sans doute il est pour l’espèce comme pour l’individu une vieillesse inévitable ; mais pourquoi l’avancer par une impulsion factice au