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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/43

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être organisé n’est donc autre chose que cette succession d’impulsions qui doit nécessairement finir par la décomposition des organes, comme elle a nécessairement commencé lors de leur formation.

La chimère de l’immortalité fut produite par l’ignorance des choses comme toutes les autres assertions fausses ou hasardées, où l’esprit humain devoit s’arrêter long-tems.

L’individu ne sentant qu’en lui, doit d’abord se croire seul : (et sans doute le grain de sable dont je parlois se croit seul dans la nature) mais à mesure que les sensations, dont il peut comparer les traces subsistantes dans sa mémoire, deviennent plus nombreuses, sa vue moins limitée, voit plus également tous les êtres ; et plus elle est universelle, plus le jugement qui en résulte diminue de son

    ou moins de mémoire ou continuité de perceptions : et cette différence n’est point caractéristique, puisque cette faculté augmente par degrés insensibles, depuis le plus foible grain de sable jusqu’au plus ingénieux des hommes ; puisqu’elle est plus marquée de ce grain à l’éléphant que de l’éléphant à l’homme ; puisqu’elle est moins grande entre cet éléphant et l’homme Lorné, qu’entre cet homme et Leibnitz.