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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/81

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midi, et le seul espoir qui tous reste est celui d’un sommeil paisible. — Mais ce repos, ce sommeil funèbre aura-t-il aussi un réveil ? Non, il ne l’aura point… Cependant reposez du moins.

Les deux saisons extrêmes influent aussi sur nous, mais il semble qu’elles soient plutôt l’occasion seulement que la cause directe des impulsions que nous éprouvons alors.

Les grands jours du solstice, saison riche et pompeuse, sont les jours que nos regrets rendent les plus pénibles. Cette température heureuse, ces nuits charmantes, cette terre abondante, cette nature si facile aux vœux de l’homme, si vivante pour son cœur, si productive pour ses besoins : tout rappelle, tout invite, tout commande. Mais dans cette nature si remplie, si animée, quel vide pour celui qui l’a oubliée dans des habitudes étrangères ; quel silence pénible pour celui qui pressent son langage et ne peut pas l’entendre !

Quand une atmosphère douce et une terre fertile présentent par-tout les alimens et l’asile, l’activité et le repos, qu’avons-nous besoin de tous ces efforts d’un art qui falsifie les dons de la mère commune ? pourquoi languir dans ces amas de stériles décombres, dont