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Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/133

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Chose caractéristique, la vanité généralement très exaltée des divers groupes s’attache surtout à revendiquer des liens parfaitement chimériques avec des castes comme les Kshatriyas, les Vaiçyas, du système brâhmanique, qui n’ont aucune réalité, au moins actuelle. Elle ne se peut donc autoriser d’aucune tradition sincère. Elle est tardive et s’inspire, comme le système hiérarchique tout entier, de la théorie sacerdotale.

Il n’est pas étonnant que le couronnement de toute l’ordonnance soit la primauté qu’elle assure aux brâhmanes. Les privilèges de toutes sortes dont ils bénéficient, les respects souvent extravagans qu’ils obtiennent ont été plus d’une fois décrits[1]. La domination et le prestige de la caste brâhmanique, on le peut affirmer sans exagération, sont la caractéristique la plus certaine de l’hindouisme[2]. Cette disposition est si forte que telle caste contre laquelle s’élèvent bien des préjugés, des rancunes et des mépris, est, malgré tout, entourée d’une considération durable, par la seule

  1. Il suffit de renvoyer à l’abbé Dubois.
  2. Ibbetson, p. 111-12. Outre qu’elles sont très rares, les exceptions se fondent généralement sur quelque motif défini. Le cas de ces Santals du Bengale qui, au temps de la famine se laissaient mourir de faim plutôt que de toucher aux mets préparés par des brâhmanes est un retour piquant des scrupules entretenus par l’enseignement orthodoxe.