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Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/200

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Il peut être piquant, il est à coup sûr périlleux de monnayer des légendes en histoire. Le procédé exige d’extrêmes ménagemens.

On a laborieusement colligé[1] les récits empruntés soit à l’épopée, soit aux pourânas, où sont remémorées les violences de certains rois à l’égard des brahmanes et les châtimens dont elles sont punies. C’est Vena interdisant aux prêtres de sacrifier, Purûravas leur enlevant leurs joyaux, Nahusha faisant traîner son char par mille brahmanes, d’autres contes encore. On y a dénoncé les vestiges de la lutte entre brahmanes et nobles pour la prééminence. Il est, sans scandale, permis de douter si tous reflètent réellement des souvenirs de ce genre.

Le plus suggestif est assurément l’histoire de Paraçu-Râma. Fils de Jamadagni, il appartenait à la lignée des Bhrigouïdes. Un jour, le roi Arjuna, accueilli dans l’ermitage de Jamadagni, reconnaît traîtreusement cette hospitalité en enlevant le veau d’une vache que le saint homme se préparait à sacrifier. Prompt à venger l’injure paternelle, notre héros, vénérable mais brusque, détruit à vingt et une reprises la race des kshatriyas. Il fait tant que, d’après certaines versions de la légende

  1. Muir, ST., I, p. 296 suiv.. Lassen, Ind. Alterth., I, p. 705 suiv.