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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/118

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tous leurs efforts ; ils saisirent les prétextes les plus puérils pour troubler l’émotion des spectateurs par des cris et des éclats de rire. Mes interprètes ne se laissèrent pas désarçonner par les manifestations ; le public lui-même tint ferme et ne cessa d’accueillir mes chanteurs par des marques non équivoques de satisfaction. À la chute du rideau, il les rappela avec des applaudissements frénétiques, si bien que l’opposition se trouva complètement vaincue. » Il avait écrit plus haut : — « Je persiste à reconnaître au public parisien des qualités fort agréables, notamment une compréhension très vive et un sentiment de la justice vraiment généreux. »

Après la première, éclosent les mots piquants et les épigrammes des petits journaux. P. de l’Estoile, chroniqueur de la Presse, rapporte celui-ci : — « Une femme d’esprit disait à Mme de Metternich qui défendait si vaillamment la cause de Wagner : — « Vous parlez au nom de l’Allemagne, mais l’Allemagne ne joue que la musique française — d’Offenbach. » On prêta à Méry cette boutade : — « Le Tannhœuser, c’est un article secret du traité de Villafranca ! » et celle-ci à Gozlan : — On parlait en sa présence des idées révolutionnaires de Wagner, et quelqu’un le dénigrait comme compositeur. — « Par exemple, dit Gozlan, vous n’avez pas un musicien de cette force-là depuis Robespierre ! »

Prosper Mérimée[1] écrivait le 21 mars : — « Un

  1. Lettres à une inconnue.