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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/130

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(17 mars). Il admire l’ouverture et même la bacchanale abominée. « Rien de plus saisissant que cette bacchanale ! L’oreille n’avait pas encore été frappée de pareilles harmonies : ce sont des soupirs, de rauques accents ; le souffle de la luxure plane au-dessus de l’orchestre et en fait jaillir des étincelles magiques. » Il cite avec enthousiasme les scènes qui ont été le plus mal accueillies, le concours des chanteurs et le finale du deuxième acte, l’introduction du troisième.

Le 17 et le 21 mars, son journal contient deux lettres « d’un vieil habitué de l’orchestre aux abonnés de l’Opéra », qui accuse ceux-ci de s’être laissé prévenir contre Wagner. « Ne répétons donc pas avec quelques gens malveillants ou légers qu’il proscrit la mélodie ; disons au contraire qu’il la prescrit, qu’il élargit son empire et la fait régner sur toutes les parties d’un opéra et sur l’orchestre même. »

À Franck-Marie, au bout de quelques mois, vint se joindre M. Johannes Weber, le critique musical du Temps[1]. Lors de la publication de la partition de Tannhœuser par la maison Flaxland, au mois de juillet 1861, M. Weber écrivit sur l’œuvre de Wagner un long article analytique, impartial et plutôt favorable à l’auteur. Il fut le seul à pénétrer le sens poétique et musical de la fameuse bacchanale tant

  1. Le Temps, fondé par Nefftzer, fit son apparition au mois d’avril 1861. M. J. Weber fut chargé dès l’origine de la critique musicale qu’il rédige encore aujourd’hui.