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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/202

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français[1] et l’opinion de Berlioz sur le Faust de M. Gounod se rapproche beaucoup de la condamnation prononcée par Wagner. — « Pour répondre à vos questions sur les trois nouvelles œuvres dramatiques du moment, écrivait-il à Humbert Ferrand, le 28 avril 1859[2], je vous dirai que le Faust de Gounod contient de fort belles parties et de fort médiocres et qu’on a détruit dans le livret des situations admirablement musicales qu’il eût fallu trouver, si Gœthe ne les eût pas trouvées lui-même. »

On conçoit sans peine, maintenant, que le gallophobe dont je viens de résumer l’œuvre la plus anti-française, se soit cordialement réjoui des victoires du roi Guillaume, qu’il ait composé une ode à l’armée allemande devant Paris et qu’il ait, en 1871, écrit le Kaisermarsch à la gloire du nouvel empereur, triomphateur de la France, — une de ses plus belles œuvres musicales d’ailleurs.

Cette haine de la France, surexcitée sans doute par ses rancunes contre les Parisiens coupables d’avoir sifflé Tannhœuser, l’entraîna à composer, en un jour de liesse patriotique, la misérable pasquinade intitulée : Une Capitulation, comédie à la manière antique. Écrite en quelques jours vers la fin

  1. M. Guy de Charnacé, moins bon juge que Berlioz au point de vue musical, mais que personne n’accusera de wagnérisme, formula en 1869, sur la partition de Faust, transportée comme grand opéra dans la salle de la rue Le Peletier, des critiques très justes, mais qui, si je les rappelais ici, désoleraient les admiratrices de M. Gounod. Voir : Musique et musiciens, tome I.
  2. H. Berlioz, Lettres intimes.